mercredi 13 juin 2012

0002 - Convoyage Lisbonne la turballe


700 milles entre Lisbonne et La Turballe

Jeudi 07 Juin 2012 - Veillée d'Armes à bord de Dana
L’aventure commence le jeudi 07 Juin 2012 à 17h35, l’équipage est au complet (Jean-Jack, Raymond, Patrick et Joël) dans le Vol TO3998 de Transavia.com sur un Boeing 737 à Destination de Lisbonne.

L’arrivée à l’Aeroport et la récupération des Bagages se passe sans encombres, certains étaient pourtant très encombrants, + de 2 mètres pour les lattes de la nouvelle Grand voile livrée par Xvoile.

Prêts pour l'Aventure à l'Aeroport de nantes
Nous sommes obligés de guider le Taxi qui visiblement ne connait pas l’existence de la Marina Parque das Nacoes!  vers 19h nous sommes enfin à la Marina , « cà commence bien», heureusement le navigateur de Dana est redoutable et parle super bien le Portugais !

Aidé par le courant de jusant, nous rejoignons le soir même la Marina « Doca de Alcantara », et faisons une grande marche jusqu’au site où se trouvent les 6 bateaux de la Volvo Race. Diner à base de sandwichs Portugais sur un stand de la Volvo race accompagné d’un petit vin fort apprécié.

Les bateaux de la Volvo à Puerto Belem
Groupama est en train de faire un holdup sur la Volvo et nous prenons la mer demain soir, nous n’irons pas jusqu’à Galway, nous sommes plus modestes, mais nous sommes tout excités par la belle navigation qui nous attend.

Le témoin objectif de nos péripéties nautiques a été apporté à bord par Patrick, une caméra étanche Gopro - HD HERO2 qui fait merveille sur un bateau avec son objectif que l’on peut caler avec un angle de 170° , un objectif fisheye !

A bord de Dana

 Ce regard sans indulgence était tantôt campé sur le panneau de descente ou sur le mat à 1 mètre du pont et parfois même derrière nous, en embuscade sur le petit moteur hors bord yamaha plugué sur le balcon arrière. Les photos qui illustrent ce document sont bien sur extraites des vidéos tournées par cet appareil plein de malice.

Sous le pont du 25 Avril


Vendredi 08 Juin – les préparatifs pour un départ vers 18h.
La journée de vendredi est consacrée à préparer Dana pour la nav.

Controle du grément dormant, vérification des voiles...
Toutes les opérations sont réalisées sous un beau soleil et une température très agréable de 25°, nous avons une pensée émue pour nos collègues en Bretagne qui se caillent avec 13°, peut être bien moins et surtout avec beaucoup beaucoup plus d’humidité.

Le pont du 25 Avril et le Cristo Rei qui surplombe le tage
Les travaux se succèdent, mise en place de la nouvelle GV, carénage en plongée, Check-up du gréement . Déjeuner à bord de Dana, Apéro puis des pâtes et des saucisses portugaises de Frankfurt ! Jean est notre invité.

Nous faisons la connaissance de Jean dès vendredi soir en arrivant à la Marina, un français en escale à Lisbonne tout heureux de voir arriver sur son ponton un pavillon tricolore, Jean remonte son Tawak un dériveur intégral en Aluminium de 32 pieds (Trismus 32) de port Saint Louis du Rhone vers la mer Baltique.

 Le monsieur est Jovial et sympa, il nous fait profiter de sa connection internet en nous donnant les derniers Gribs météo.
Ce qui est sûr, nous serons avant lui en France car nous n’avons pas les mêmes contraintes, lui est en retraite et pas nous !

Nous aurions bien trainés un peu dans le coin de Lisbonne avec une halte à Casquets, Nazare, Porto, Bayona… mais ce sera une prochaine fois… peut être dans quelques années quand nous serons libérés de nos obligations comme on dit.
Cot Cot Cot! Doca Alcantara nous sommes
engrillagés comme des poules dans un poulailler

Vers le milieu de l’après midi après avoir visité une dernière fois le « Pingo Doce » pour les dernières courses en produits frais, nous faisons la bise à Tawak et à son skipper et nous nous dirigeons vers le grand pont de Lisbonne.

Une dernière pause à la Marina Belem afin de compléter le plein de Fuel et trouver les 5 coulisseaux de GV qui manquaient à l’appel et Hop sans tambour ni trompette direction l’Océan Atlantique.

Au revoir le Portugal ! Au revoir les Portugais merci pour votre accueil, nous reviendrons, on vous trouve sympas et il y a plus de soleil chez vous que chez nous...

Nous passons devant Casquets avant le coucher du soleil, nous sommes au près Tribord amure et le vent établi autour de 12 nœuds est au 270 plein Ouest, il nous pousse tribord amure vers le large.

Plusieurs fois nous évitons des engins de pêche faiblement signalés, qui nous confortent dans notre choix, aller loin au large pour éviter tous les casiers, engins de pêches et plus globalement toutes les flottes de pêche portugaises.







samedi 09 juin – Au large du Portugal, mise en jambe en douceur.
Quelques mauvaises odeurs de Gasoil perturbent très vite les habitants à l’intérieur du navire !

Le fait d’avoir trop rempli un réservoir qui n’en avait peut être pas l’habitude jette le trouble sur nos odorats sensibles, un coup de seringue suceuse pour retirer presque un litre de Go autour du moteur et les choses rentrent dans l’ordre. (enfin presque)

La responsabilité revient elle aux effluves d’hydrocarbures? Toujours est il que la première nuit et la première journée nous sommes tous un peu patraques… pas de grand repas…

Nous buvons beaucoup d’eau pour compenser notre manque d’appétit.
Lors de cette première nuit vers 4h du matin, nous croisons un voilier qui nous semble immense au niveau du plan de voilure, un vieux gréement, probablement un trois mats à voile carrés qui selon toute vraisemblance rejoint Lisbonne pour le départ de l’étape Volvo Race.

Sympa la première journée de Nav le long du Portugal: medium
Nous nous formons à utiliser la grande barre à roue, c’est une nouveauté ! nous sommes tous très habitués à la barre franche et au stick. Il faudra un temps d’adaptation pour ce nouvel outil !

Premier quart c’est JJ et Patrick qui restent sur le pont. Ils virent de bord vers 01H du matin à l’approche de plusieurs bateaux en pêche. Nous sommes désormais babord amure et nous y resterons jusqu’à la Turballe.

Le temps est toujours très sympa avec nous, les premiers dauphins viennent jouer avec le bateau, nous sommes heureux d’être en mer, allure toujours au « près océanique » avec un vent médium qui reste bien régulier.

Le rythme des quarts se met en place, on ne dort pas beaucoup. Nous avons choisi des quarts de 2 heures et il n’est pas toujours aisé de s’endormir rapidement pour bénéficier d’un peu de sommeil. La fameuse gestion du sommeil si importante dans les courses en solitaire comme le Figaro.
Le rail de cargo le long de la côte Portugaise

Nous naviguons à environ 40 milles de la cote du Portugal en longeant le rail des cargos qui montent vers Cap Finisterre, nous faisons route directe vers ce point matérialisant l’extrême ouest de l’Europe continentale.

Nous sommes le WE et je pense que c’est la raison de la faible densité du trafic des cargos. Aucun ne passera très près de nous et comme la visibilité est excellente nous n’avons aucun souci à ce sujet.

Nous avancons régulièrement et surement à une vitesse proche de 6 nœuds, au débridé.


Finalement on dort peu en mer






Dimanche 10 Juin – Au large de la Galice, début de perturbation.
Dans la journée de Dimanche nous touchons la perturbation annoncée qui nous donne d’abord du crachin et ensuite du vent, nous prenons 1 ris puis le 2ème, le bateau reste maniable mais nous voulons voir comment Dana se comporte avec 2 ris sous cette GV neuve.

Nous approchons de Cap Finisterre, nous naviguons avec 2 ris le long de la Galice à 7 nœuds au débridé avec un vent qui oscille entre 25 et 35 nœuds d’après nos instruments.

Avec JJ la dernière fois que nous sommes passé dans ce coin là c’était en 1984, nous avions en particulier mouillés l’ancre aux Iles Sies avec une météo idyllique en face Vigo.

Je suis à la barre de mon nouveau bateau et je repense au passé, ce coup de vent orageux et une déferlante liée à un haut fond qui nous avait rempli le cockpit en face les iles Sisargas…

Nous sommes à 30 milles aux large de cette cote que nous avions longée il y a près de 28 ans avec l'Armagnac « Vent de Bouline », mais nous ne verrons pas les iles Cies cette fois ci, nous sommes trop loin et la visibilité est bien trop faible en ce dimanche de Juin perturbés.

Nous sommes en approche de cap Finisterre en fin de journée de Dimanche c’est tout juste si nous apercevons le fameux caillou en passant à quelque milles à son vent.

Nous sommes en Prag Time, Claire Chazal peut prendre l’antenne en annonçant que « Dana approche de Cap Finisterre », feront-ils une pose en Espagne ? c’est la grande question en cette soirée du 10 Juin et , je vous le dis celà n’a rien à voir avec la blonde journaliste de TF1 !

David par communication Iridium nous annonce depuis 2 jours une dépression plus creuse pour les prochaines 48 heures.

Dur de tenir debout dans le bateau au grand large
On est en face de la marina Camarinas, Go ? no Go ?
Une communication avec Thomas qui est en relation avec le staff météo de Absolute dreamer achève de nous convaincre, il y a du Sud Ouest à Ouest 30 à 35 localement 40 nœuds sur la zone pendant 48 heures et après c’est plutôt mou.

Compte tenu de la convergence de nos informations, la décision est très claire, c’est de la brise mais au portant donc GO !

Le passage près dela pointe de l’Espagne est l’occasion d’appeler nos proches avec les GSM qui ont retrouvé la vie pendant quelques instants.

Dubitatif on vient de croiser un voilier Anglais il a fuit!
La sobriété de l’équipage a été consignée sur le livre de bord, le capitaine sera le seul à s’offrir un verre de Moscatel à l’occasion de ce passage mythique à quelques milles de Cap Finisterre !

Wouaaaaaaaaaaaaaa
La nuit suivante se passe au large de la cote de La Corogne, le vent est déjà sud Ouest autour de 20 / 25 nœuds la mer est désordonnée mais le bateau se comporte bien à 140 degrés du flux de Sud ouest.

Le vent est un peu instable en direction, et la nuit est bien noire, cela occasionne 2 empannages incontrolés à mettre au crédit du capitaine (je vois d’ici les mauvaises langues, la maladresse n’a rien à voir avec le Moscatel près de 8 heures après…), et le temps est toujours à la bruine.




Lundi 11 Juin - Cap Finisterre est dans le sillage – nous sommes dans la dép.

le vent se renforce progressivement comme annoncé, nous naviguons autour de 120 degrés du vent qui a déjà remonté vers le NO. Dana allonge la foulée et nous avons l’impression de revenir vers l’hiver.

La perturbation est bien là avec de grosses vagues et de grosses averses pendant lesquelles le vent se renforce pour atteindre parfois 35 / 40 nœuds dans les claques.

La vitesse monte pendant de longs surfs autour de 13 / 15 nœuds, la compétition s’organise entre les barreurs (le record a été un moment à 13.5 N mais finalement c’est à 14.2 N que le gagnant a été flashé au GPS s’il vous plait).

Voilure réduite pour Dana
Ambiance Tonique…
En 1984 nous avions aussi subi une perturbation dans le golf, nous n’avions alors pas d’instruments pour nous indiquer la force du vent, et je trouve que les vagues sont nettement moins menacantes que dans mes souvenirs d’il y a bientôt 30 ans.

La taille supérieure du bateau et l’expérience accumulée intervient aussi dans notre perception du mauvais temps, Dana est un bateau moderne de 10 mètres et nous le trouvons tous très confortable dans ces conditions pourtant musclées, l’ambiance serait évidemment bien différente si nous faisions route au louvoyage...

Il est quand même compliqué de trouver son équilibre dans le carré, S’installer devant la cuisine pour préparer une boisson chaude demande certains talents d’équilibriste.

Une solide sangle qui permettrait de se scotcher le temps de la préparation et d’avoir ses 2 mains libres serait la bienvenue. Les très jolies étagères qui n’ont pas de violons pour retenir le contenu sont parfaites au port.

temps à graince Lundi
Mais en mer quand vous ouvrez la porte il faudrait 3 paires de mains pour éviter que le contenu de l’étagère vole dans le carré, ce qui s’est produit plusieurs fois avec un volée de jurons à l’appui.

Bien sur ces modifications seront apportées à Dana pour naviguer au large, avec aussi la mise en place de toiles antiroulis sur les couchettes du carré.

Warning : Le capitaine a perdu l’équilibre et s’est assis dans prévenir et sans douceur, sur Raymond qui était bien sagement allongé sur la couchette tribord du carré, on l’apprendra quelques temps après l’arrivée, 1 côte fêlée, merci capitaine.

Un Cargo croisé dans le golf
Il n’est pas si facile de décrire la vie au grand large. Que de l’eau, que de l’eau, nous vivons dans un espace réduit, avec un rythme différent de celui qu’on a à terre, nous dormons par petites tranches et la vie n’est plus ponctuée de la même façon.
C’est un temps, qui s’écoule de façon différente.


Mardi 12 juin - Fin de la dép, Nord Ouest avec du soleil, 2 rencontres…
Eole s’est assagi et l’air est est plus sec. Dès le milieu de journée de Lundi le vent est remonté au Nord Ouest avec son chapelet de grains. Mais mardi le soleil se lève sur un temps un peu plus stable.

Les quarts sont maintenant rodés, nous ne dormons pas forcément beaucoup mais nous dormons et nous sommes surpris qu’en dormant si peu nous soyons quand même relativement forme.

Nous sommes au milieu de nul part, au milieu du Biscay, Mardi matin à l’aube JJ et Patrick ont croisé un Cargo, probablement du transport de voiture qui vient de St Nazaire.

Ceci étant nous sommes au milieu du Golf à + de 150 milles de la côte la plus proche, mais cela doit nous faire plaisir de penser qu’il vient de St Nazaire.

Baston!

Voile blanche à l’horizon, vers 11h nous croisons un voilier, à priori un sigma 41 qui vient du nord (à prononcer nôôôrd), il bat pavillon de sa majesté.

Nous avons rapproché un peu notre route de la sienne afin de lui faire une petit coucou, et bien je vous autorise à le répéter, les Anglais ont eu peur, loin de toute civilisation, ce couple britannique a eu peur de Dana !

Le retour d’un état de la mer plus sympa associé à cette rencontre imprévue et fugitive a creusé les estomacs : grand repas à bord de Dana… festin de roi je dirai même, au menu conserves La Belle Iloise, Thon à l’Huile et Maquereau à la Moutarde accompagnées de ships à l’ancienne, c’était très bon et tout le monde en a repris.

La fin de l’après midi est consacré à l’essai du Spi. Le soleil est revenu et nous envoyons la bulle pendant 2 heures environ par 10 à 15 nœuds de vent, nous découvrons les sensations à la barre à chacun notre tour.

Nous sommes en train d’aborder le plateau continental et on ne parle que de Moby Dick à bord, il semblerait que cette zone de remontée de fond soit propice à ce type de rencontre.

Nous sommes intéressés par la vue d’un cétacé à condition que chacun garde ses distances, les histoires chocs avec les bestiaux nous inquiètent un peu quand même.
Bon et bien soit dit en passant nous n’en avons pas vu la queue d’une.

Amélioration!

Le PC avec la cartographie est mise en route de façon régulière, environ 2 à 3 fois par jour afin de valider la position des Magellan et garder la trace de la route en pointillé sur le PC.


Les 2 Magellan marine fonctionnent tous les 2 en permanence, l’un alimenté par le 12 Volts et l’autre sur piles, ce qui permet d’avoir ce dernier dans le cockpit.

Les Gps portables avec cartographie sont parfait pour ce genre de navigation qui ne requière pas de suivi en haute précision.
ETA en fin de matinée demain !

Nous décidons de veiller tous ce soir afin de ne pas risquer une collision avec un bateau de pêche, En réalité nous étions excités de cette dernière nuit en mer mais nous nous sommes mis dans le rouge pour rien, peu de bateaux de pêche et de toute façon facilement identifiables.

Dana est en approche du phare du Four!

Curieusement nous avons croisé 2 voiliers à 100 milles au large de Belle ile, ils étaient au près, faisant route vers Espana probablement. Les conditions sont toujours entre 15 à 20 nœuds en cette dernière nuit à 100 degrés du vent. La température est de plus en plus fraiche.

Mercredi 13 Juin - arrivée à La Turballe dans la grisaille.
A 6h du matin, par le travers de Yeu et Belle-Ile alors qu’on arrive dans notre jardin, nous sommes obligés encore une fois de descendre à 2 Ris avec un grain qui monte au-delà de 30 nœuds de vent !

Soyons raisonnable
Nous n’avions pas le réflexe de réduire la GV sur Silver Fox, nous allons devoir prendre l’habitude de réduire sur Dana, la GV est grande et puissante, en contre partie ce voilier devrait nous donner plus de satisfaction dans le petit temps, configuration ou Silver Fox était si compliqué à faire avancer.

Chegamos!
Nous arrivons en fin de matinée à La Turballe. Le dernier bord sera l’occasion de faire quelques photos provocatrices afin de vérifier notamment si une bouteille de champagne tient dans le porte gobelet devant la barre à roue. La réponse est oui !

Quelques proches sont là pour nous accueillir. Christian immortalise notre passage entre les jetées de La Turballe, Dana est en pleine mutation, elle va devenir Bretonne.
J’ai eu beaucoup de plaisir à parcourir ces quelques 700 milles avec de bons marins qui sont des amis de longue date.

Je Vous le dis le champs va finir par chauffer
« Quand tu vas rejoindre ta couchette et que tu laisses sur le pont quelqu’un à la barre, que tu sais que sa longe de harnais est capelée solidement au balcon arrière, que tu as
confiance en ce quelqu’un comme en toi-même, c’est que du bonheur de naviguer dans ces conditions ». Merci les copains d’avoir été là pour cette opération convoyage…

La Dream Team